Résumé
En Amazonie brésilienne les forêts secondaires ou capoieras, présentent un nouvel intérêt
pour les gestionnaires de l’environnement et des institutions locales. Le maintien et le
développement de ces forêts régénérées après déforestation représentent une des options
majeures pour la restauration, un des engagements forts du Brésil lors de la COP 21.
Le devenir des forêts secondaires dépend des agriculteurs. Or très peu d’études se sont
intéressées aux raisons sociotechniques qui conduisent les agriculteurs à maintenir, voire à
développer les capoieras. Sont-elles le produit de stratégies des agriculteurs ? Ou se sont-elles
imposées ? Les auteurs analysent les trajectoires des exploitations afin d’identifier et de
comprendre ces raisons sociotechniques qui sont à la croisée des dynamiques écologiques et
humaines. La zone d’étude est la commune de Paragominas, citée en modèle pour avoir mis
en place l’initiative « Municipe Vert », fondée sur l’arrêt de la déforestation et la mise en
place de bonnes pratiques de production et de restauration forestière.
Une méthode d’analyse systémique sur le temps long a été adoptée sur un échantillon de 25
agriculteurs familiaux. La diversité des trajectoires d’exploitation selon les pratiques des
agriculteurs, l’histoire de la famille et l’évolution du système de production se traduit par trois
profils d’agriculteurs. Le profil « émergent » regroupe des agroforestiers qui conservent une
capoeira ancienne sur 50 % minimum de la surface de l’exploitation. Le profil « pionnier »
regroupe des agriculteurs pratiquant l’abattis-brûlis avec une capoiera plus jeune et moins
étendue. Enfin, le type « incertain » regroupe des producteurs dont la situation économique
est fragile avec des arrêts temporaires de l’activité agricole. Leur usage des capoieras à
moyen terme reste flou. Cette étude a montré le rôle primordial de la pluriactivité et de
l’émergence d’activités pérennes et de systèmes agroforestiers pour expliquer la présence et le
maintien de capoieras .