Développement d'une apiculture à Mayotte

Mise en ligne par (Nom) : Elodie SAVIGNAN
Date de mise en ligne : 30.03.2016
Description :

Contexte :

L'apiculture, c'est l'art d'élever et de soigner les abeilles en vue d'obtenir de leur travail dirigé, le miel et les autres produits du rucher. Voilà la définition de l'apiculture que l'on retrouve dans le dictionnaire.

L'apiculture a de nombreux bienfaits : l'abeille est un agent pollinisateur remarquablement efficace pour un grand nombre d'espèces végétales, sans oublier le fait que la production de miel pour les agriculteurs, pluri-actifs ou les particuliers apiculteurs amateurs, peut s'avérer rémunératrice dès lors que les techniques de conservation en ruche sont maîtrisées.
De plus, l'apiculture n'est pas impactante pour l'environnement et ne nécessite que peu d'investissement.

Mais à Mayotte les traditions et techniques de l'apiculture telles que nous les connaissons ailleurs dans le monde, n'existent pas encore.
Dans les territoires les plus proches de Mayotte, la Réunion et Madagascar, l'apiculture a été mise en place au fur et à mesure des migrations et peuplements par des populations qui ont apporté leur savoir faire. Ces populations ont aussi apporté  des abeilles européennes déjà sélectionnées et disposées à vivre en ruche, pour accepter les manipulations concernant l'élevage, les transhumances, et les récoltes.

Les abeilles de Mayotte qui se nomment dans le langage scientifique Apis mellifera unicolor, sont quant à elles strictement endémiques, abondamment réparties sur toute l'île et très actives.
Comme elles n'ont jamais été « enruchées », elles sont  restées sauvages. En résumé, elles n'ont pas besoin de l'Homme pour vivre !
 
Jusqu'à présent, la récolte de miel sur Mayotte se faisait par simple cueillette, avec pour conséquence la destruction de la colonie productive. Ces habitudes néfastes pour la biodiversité sont aussi  peu  productives pour satisfaire la demande des consommateurs de miel de l'île.

Quelques personnes, éleveurs ou particuliers, s'essayent à l'apiculture mais les difficultés d'exploitation résident dans le fait de la non-connaissance des cycles biologiques de l'abeille mahoraise, en relation avec les caractéristiques climatiques et environnementales de l'île. L'abeille mahoraise a ainsi tendance à déserter facilement. On fait l'hypothèse que cette désertion est due à une floraison constante ; l'abeille n'a pas besoin de faire beaucoup de réserves et se développe plutôt horizontalement dans la ruche.

Depuis peu, des actions en faveur du développement d'une filière apicole voient le jour. Une mission portant sur l'étude de faisabilité d'une apiculture à Mayotte a eu lieu en décembre 2012, la Chambre d'agriculture de Mayotte s'est formée à l'apiculture et des formations ont démarré au CFPPA du Lycée agricole dès 2014 avec un formateur-apiculteur. Mais ce n'est que depuis fin 2015 qu'une dynamique partenariale émerge vraiment autour de cette thématique. Une première réunion s'est tenue en novembre 2015 dans le cadre d'un Comité Scientifique et Technique du RITA. Elle a réuni les techniciens compétents (Chambre d'agriculture, Lycée agricole, GDS, DAAF) mais aussi un vétérinaire spécialisé dans l'apiculture du GDS de La Réunion, venu en mission. Cette première réunion a permis d'établir une première base de travail et de s'entendre sur le rôle de chacun.
Peu de temps après, en décembre 2015, la Chambre d'agriculture a réuni les apiculteurs-amateurs pour leur proposer le programme de travail et faire un premier état des lieux de leurs pratiques. Un groupe soudé réunissant apiculteurs-amateurs et techniciens a ainsi vu le jour, et les actions en faveur du développement d'une véritable apiculture mahoraise ont démarré.


Programme de travail :

1) Etat des lieux des pratiques (1er trimestre 2016)

Plusieurs visites ont été organisées chez les uns et les autres dans le but de faire un partage d'expérience et de faire un premier listing de ce qui marche et ne marche pas.

2) Essais de matériels adaptés (à partir de mars 2016)

Les différents essais seront positionnés sur 5 sites de Mayotte. Ces sites seront  sous la responsabilité des personnes impliquées dans le projet et seront répartis sur une large étendue du territoire de l'île, ce qui doit permettre d'obtenir des résultats significatifs sur le comportement des abeilles et l'efficacité du matériel testé.
Un technicien de la Chambre d'agriculture sera chargé de faire une visite régulière sur tous les lieux, afin de collecter toutes les observations liées aux manipulations et au développement des colonies. Dans ses outils d'observation, nous prévoyons de mettre en place une fiche  d'observation type, aussi exhaustive que possible.

Les résultats de ces essais nous permettront de généraliser de diffuser auprès de tous  les débutants, une « apiculture pour Mayotte », la plus adaptée à l'abeille locale et à ses contraintes climatiques.

Essai de récupération d'abeilles :

Compte tenu de l'originalité de l'écotype de l'abeille mahoraise et pour le conserver , il a été décidé d'utiliser tel quel, cette abeille, sans tentative d'importation de souches extérieures, susceptibles d'être porteuses de maladies toujours dévastatrices.

                   Autrement dit, pour se pourvoir en abeilles, nous n'avons que deux méthodes possibles :

       -  procéder par capture de colonies sauvages dans leur abri naturel, en détachant chaque rayon et en le repositionnant sur un cadre en respectant l'ordre de capture et ranger le tout dans une ruchette.
       - positionner des ruchettes « pièges » sur des lieux déjà identifiés comme passage réguliers d'essaims, en prenant soin de diffuser à l'intérieur de la ruche, des substances diverses et variées au choix de l'apiculteur.

Une fois ce constat fait, il s'agissait d'identifier des personnes qui ont, ou avaient pratiqué, une mise en ruche des abeilles sauvages soit par simple capture ou par piégeage et s'appuyer sur leur savoir faire. Cela nous a conduit à mettre en place un protocole d'essai qui est organisé de la manière suivante :

Nous avons lancé, grâce à la mise à disposition des locaux techniques du Lycée agricole de Coconi, la fabrication de ruchettes en vue de s'en servir comme ruchettes « pièges » ou pour y déposer les essaims capturés manuellement. A l'intérieur des ruchettes «  pièges », nous prévoyons de diffuser des substances attractives, qui seront chaque fois  différentes d'un site à l'autre,  toujours pour identifier la « recette »  la plus efficace.  

Essai de différents types de ruches :

Les ruchettes seront équipées de cadres langstroth, de cadres trapézoïdaux mais aussi de simples barrettes, ceci dans l'objectif de vérifier la préférence des abeilles dans la proposition de supports d'installation.

Des ruches kényanes sont en cours de construction afin d'accueillir les cadres trapézoidaux ou les simples barrettes et des ruches  langstroth sont déjà construites pour accueillir les cadres de leur dimension.


3) Epidémio-surveillance

La mise en place d'un réseau d’épidémio-surveillance intégré à un réseau régional piloté par La Réunion, est prévue. Les premières actions seront : un bilan sanitaire et l’obtention d’une certification de zone indemne de Varroa et de Loque américaine, des actions d’épidémiologie participative afin de faire circuler l'information entre les techniciens et les apiculteurs (veille sur les pathogènes qui pourraient émerger, formations).

4) Constitution d'un syndicat professionnel

La constitution d'un syndicat professionnel est à l'étude. Les statuts sont en cours d'écriture.

Date d'édition : 30.03.2016
Type de ressource : Programme, feuille de route
Zone géographique : Mayotte
Filières : Animal-Apiculture
Thématiques : Miel, Pollen, Pollinisation, Plantes mellifères, Epidemiologie, Surveillance, Techniques d'élevage
Intérêts : Professionnel / Profession agricole, Scientifique et technique, Autres publics
Mots-clés :